Tout objet aujourd'hui qualifié de morbide tend vers une apparence dégoutante et répugnante. Mais son sens originel est tout autre. Dans les peintures du XVe siècle, les chairs et les corps devaient être décrites le plus délicatement possible, les peintres de la Renaissance s'applicaient à faire resortir l'aspect laiteux et fragile des corps. De même en sculpture et au cours des siècles et des évolutions stylistiques de la peinture, nous nous délectons de voir la chair aussi habilement representée. Cet aspect délicat et transparent se définit en un mot : Morbide ...
Il y a évidemment d'autres sens au mot, comme relatif à la maladie, à la mort, à la perversité, qui ne doivent pas forcément être radicalement écartés les uns des autres, pouvant former une entité commune le morbide, une expression souvent mal jugée qui peut laisser place à de magnifiques représentations de l'éphémerité du corps. Et puis soyons honnêtes, toutes ses images que nous nous envoyons quotidiennement (celles des médias, TV, journaux, pub ...) démontrent qu'il y a quelque chose de fascinant dans ces images qui constituent finalement notre société.
L'une des plus courantes est celle d'Ophélie noyée dans un ruisseau. Au cinéma de nombreuses scènes evoquent la morbidité, Cronenberg l'exploite brillament, tous les cinéastes qui ont préféré le cinéma de genre comme Hitchcock, Scott, Carpenter, Argento et autres maîtres de l'horreur décrivent les chairs humaines avec la plus grande application comme celle des écrivains réalistes, des peintres De Vinci, MichelAngelo, Millais, Goya, Géricault ...
Michelangelo, La pietà, 1498-1499, Basilique St-Pierre, Vatican.

John Everett Millais, La Mort d'Ophélie, 1852, Tate Gallery, Londres.
Théodore Géricault, Etudes de pieds et de mains, 1817-1819, Musée Fabre, Montpelliers.
Anonyme, Le Peletier de Saint Fargeau sur son lit de mort, 1825-1835, Musée de la Révolution Française, Vizille.
David Cronenberg, Videodrome, 1983.
Marina De Van, Dans ma peau, 2004.